Autour du viaduc de Cize-Bolozon
Si vous prenez le TGV entre Paris et Genève, vous passerez à proximité de Bourg-en-Bresse et traverserez la rivière d'Ain. Votre voyage sera tout à fait banal, à moins que vous ne jetiez un coup d'œil curieux par la fenêtre au passage du viaduc de Cize-Bolozon.
On ne peut s'en rendre compte depuis le train, mais ce viaduc a pour particularité d'avoir deux étages. Des trains circulent à son étage supérieur, à plus de 50 m au-dessus de l'eau, tandis que des véhicules peuvent emprunter l'étage inférieur. Construit au XIXe siècle, il fut détruit pendant la seconde guerre mondiale à la suite d'actes de résistance. Il fut reconstruit quelques années après, en conservant ses principales propriétés architecturales.
Que justifie un tel ouvrage ?
Autrefois voie ferrée à usage local, la ligne de Bourg-en-Bresse à Bellegarde a été intégrée dans le réseau national et permet un raccourci de 47 km par rapport au rail Bourg-en-Bresse – Ambérieux-en-Bugey – Culoz qui passe plus au sud. Il fut un temps envisagé de construire une ligne à grande vitesse sur cet axe (LGV des Titans), mais le coût, engendré par le relief accidenté de la région, a été jugé excessif.
Ce rail emprunté par le TGV depuis 2010 ne lui permet que de circuler à 120 km/h, voire 90. Et c'est un rail unique, si bien que des pauses sont fréquemment requises pour permettre le croisement des trains. Les voyageurs impatients se lamenteront probablement du rythme « locomotive à vapeur » sur ce tronçon, mais il permet tout de même de gagner entre vingt minutes et une demi heure.
Un site remarquable
L'Ain a creusé une gorge et effectue un méandre de part et d'autre du hameau de Daranche (commune de Bolozon). Entre le niveau moyen de l'Ain et le lieu-dit de Racouse, qui surplombe le viaduc, on compte près de 350 mètres de dénivelé. Soit plus d'une tour Eiffel, pour utiliser les unités « Science & Vie Junior » !
Une centrale électrique vient compléter le lieu, fournissant une capacité de production maximale de 23 MW.
En direction de Genève, on longe deux lacs, dont le lac de Nantua, ville connue non seulement pour sa sauce à l'écrevisse accompagnant si bien les quenelles, mais aussi pour sa situation géologique, au sein d'une cluse, forme d'entaille perpendiculaire aux reliefs environnants.
En observant ces paysages, j'admire les prouesses des ingénieurs qui ont été capables de faire circuler des trains « lourds » à travers des reliefs si peu franchissables. Je rêve toutefois de la beauté que devaient avoir ces paysages avant que l'homme n'y imprime sa trace. Mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.