La Théodicée de Leibniz (PhiloMag)

La Théodicée de Leibniz (PhiloMag)

(…) Comment peut-on se référer à un Dieu qui laisse faire les catastrophes, les guerres et les meurtres ? N’est-ce pas une bonne raison de perdre la foi ? Ce laisser-faire ne rend-il pas caduque l’idée d’un Dieu ? Dans la tradition occidentale, en effet, Dieu est défini par trois attributs essentiels : l’omniscience (Dieu sait tout), l’omnipotence (Dieu peut tout) et la parfaite bienveillance (Dieu veut toujours le Bien).

Or le mal semble rendre ces attributs incompatibles. Car si le mal existe, soit Dieu ne peut l’empêcher – et il n’est plus omnipotent –, soit il pourrait l’empêcher mais ne le veut pas, et alors il n’est plus parfaitement bienveillant et peut même passer pour indifférent, voire sadique. La solution de Leibniz à l’objection, puissante, du mal consiste à dire que « Dieu veut antécédemment le bien et conséquemment le meilleur (optimum) ». Pour lui, Dieu ne peut faire exister que le meilleur des mondes possibles (sans quoi il ne serait pas parfaitement bienveillant). Aussi, tout mal, qu’il soit physique ou moral, n’est qu’un moindre mal. Autrement dit : tout autre monde que le nôtre aurait contenu plus de maux que ceux que nous constatons autour de nous. Dans un monde moins bien imaginé par Dieu, il y aurait encore plus de cataclysmes, de viols et de désastres.

Cette démonstration, qui s’appuie sur la logique et sur le principe de « raison suffisante » (selon lequel tout ce qui existe a sa raison d’être), fait de Dieu un Deus calculator (une sorte de machine qui calcule toutes les possibilités et n’accorde l’existence qu’au meilleur résultat) et de notre monde le fruit d’une « harmonie préétablie ». (…)

La “théodicée” chez Leibniz, c’est quoi ?
Les philosophes adorent inventer des termes étranges, mais qui sont essentiels pour comprendre leur projet. Par exemple, la théodicée, mot inventé par Leibniz…