Les alarmantes séquelles du Covid sur notre cerveau (Yann Verdo, Les Échos)
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Cela a commencé par une bizarre impression de brouillard - de « brouillard cérébral », s'entend. En ce funeste hiver 2020, alors que le mystérieux virus surgi des tréfonds de la Chine commence à se répandre en Europe et dans le reste du monde, les rescapés du nouveau pathogène sont de plus en plus nombreux à se plaindre, plusieurs semaines après leur infection, d'une persistante et irritante sensation de nébulosité mentale. Comme s'ils étaient devenus plus lents à réfléchir, plus confus, moins affûtés qu'auparavant. Et ce, alors même que pour beaucoup, la forme grave, nécessitant hospitalisation, voire placement en soins intensifs, a été évitée. (…)
Difficultés cognitives, troubles de l'attention et de la mémoire ; mais aussi troubles anxieux et de l'humeur, insomnie, fatigue intense ; également céphalées à répétition, hémorragies cérébrales, AVC ; ou encore maladies neurodégénératives (comme les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson) ou auto-immunes (comme le syndrome de Guillain-Barré)… la liste est aussi longue que variée, et elle donne froid dans le dos. Depuis que les vaccins sont là pour juguler les formes graves, le principal problème posé par le « coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère » (SARS-CoV-2) est celui des « Covid longs ». (…)
[Les études montrent] une perte du volume de matière grise et une dégradation des tissus cérébraux nettement plus prononcées chez les individus ayant été infectés que chez ceux qui ne l'avaient pas été. Il faut savoir que, passé 50 ans, nous perdons aux alentours de 0,2 % de tissu cérébral chaque année. Or, chez les personnes infectées, la perte de matière grise constatée entre les deux scanners pouvait aller jusqu'à 2 %. « Autrement dit, l'infection par le SARS-CoV-2 leur a fait perdre en un bref laps de temps autant de matière grise que dix ans de vieillissement ». (…) Chez les seniors qui ont souffert d'une forme grave ayant nécessité une hospitalisation, cette atrophie de la substance grise équivalait à vingt ans de vieillissement accéléré.
Ces dommages observés par l'imagerie cérébrale se traduisent, sur le plan cognitif, par de moins bons résultats aux tests et, in fine, par des pertes de points de QI. En février 2024, une étude du « New England Journal of Medicine » a estimé que les déficits en matière de mémoire et de performance dans les tâches exécutives observées chez les personnes infectées (que ce soit au début de la pandémie ou, plus tardivement, par les variants Delta et Omicron) équivalent à un QI réduit de 3 points chez les personnes ayant contracté une forme légère. La perte passe à 6 points chez celles présentant des symptômes non résolus typiques d'un Covid long (essoufflement persistant, épuisement) et jusqu'à 9 points pour celles admises en soins intensifs…
En attendant les futurs développements de la recherche, il nous est toujours loisible de donner un sérieux coup de pouce à notre système immunitaire en adoptant un mode de vie qui nous expose moins à la (neuro) inflammation : une alimentation plus saine, de l'exercice physique, etc. Histoire de ne pas nous trouver aussi vulnérables lorsque surviendra la prochaine pandémie.
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