L’hydrogène naturel : curiosité géologique ou source d’énergie majeure dans le futur ? (Isabelle Moretti, Connaissance des Énergies)

L’hydrogène naturel : curiosité géologique ou source d’énergie majeure dans le futur ? (Isabelle Moretti, Connaissance des Énergies)
Exemple de « rond de sorcière », zone d'émanation d'hydrogène naturel.

(…) L’hydrogène consommé est actuellement très majoritairement produit à partir de méthane, ou plus généralement d’hydrocarbures, par vapocraquage, un mode de production évidemment très carboné. L’hydrogène existe aussi sur et sous terre et son extraction directe, bien qu’encore anecdotique aujourd’hui, commence à être sérieusement envisagée pour disposer d’hydrogène réellement « vert » et peu cher. (…)

Plusieurs phénomènes entraînent en effet une génération continue d’hydrogène dans la croûte terrestre. L’interaction eau/roche, la diagénèse, va libérer l’hydrogène de l’eau lors de phénomènes d’oxydation, phénomènes que l’on observe dans différents contextes géologiques. (…) D’autres sources d’hydrogène naturel sont connues : la radioactivité naturelle de la croûte terrestre (radiolyse) peut notamment séparer hydrogène et oxygène de l’eau et libérer ces gaz. (…) En parallèle, la préservation de grandes quantités d’H2 « primordial » (présent à l’initiation du système solaire, dans le manteau, voire dans le noyau terrestre lors de la formation de la Terre) est aussi une piste explorée par certains chercheurs : il s’agirait dans ce cas d’une ressource certes fossile mais quasi infinie.

Que nous indiquent aujourd’hui les émanations de surface d’hydrogène ? Au sud-est de Moscou, on constate de légères dépressions, plutôt circulaires, bien visibles sur les photos aériennes, que la communauté scientifique a pris l‘habitude d’appeler des « ronds de sorcières ». Souvent, la végétation y meurt et on y constate avec des détecteurs que de l’hydrogène s’en échappe, de façon non constante et non continue, mais non négligeable. Des observations similaires sont faites aux États-Unis au Brésil, au Canada, en Australie ou encore en Namibie. (…)

Pour tirer des conclusions sur la possibilité d’une production de cet hydrogène, il faut évidemment connaître le flux et non juste la concentration. Les équipes de recherche d’Engie ont développé un nouveau capteur d’hydrogène. (…) Les premiers résultats publiés confirment le flux important d’hydrogène. (…) Les deux autres questions importantes autour de l’hydrogène naturel sont son mode de transport dans le sous-sol et les conditions de son accumulation.

L’hydrogène naturel : curiosité géologique ou source d’énergie majeure dans le futur ?
Il y a un siècle, on fabriquait du gaz de ville en brûlant du charbon, puis de grandes réserves de gaz naturel ont été trouvées et on a cessé de fabriquer ce gaz qui coûtait plus cher que le « natif », contenait du CO hautement toxique et dont la fabrication était polluante. La même évolution va-t-e…