Lobbys publicitaires contre la loi climat (Marie Bénilde, Le Monde diplomatique)
Ce 27 novembre 2020, à France Télévisions, les caméras du service public tournent une émission un peu spéciale intitulée « Les États généraux de la communication ». De Mme Mercedes Erra, présidente exécutive de Havas Worldwide, à M. Franck Gervais, ancien vice-président du groupe Accor et président de l’Union des marques, en passant par M. Gautier Picquet, président de Publicis Média, d’éminents dignitaires de l’industrie publicitaire sont réunis sur le plateau de « C à vous » pour une table ronde diffusée non pas sur France 5, mais sur les sites de leurs organismes professionnels. La journaliste de France 2 Marie Drucker joue les intervieweuses sous l’œil vigilant de Mme Marianne Siproudhis, directrice de la communication de France Télévisions et, parallèlement, présidente de sa régie publicitaire, également invitée sur le plateau.
On s’alarme à bas bruit : un projet de loi préparé par la ministre de la transition écologique, Mme Barbara Pompili, reprendrait tout ou partie des 149 propositions de la convention citoyenne pour le climat (CCC), dont 146 doivent être transmises « sans filtre au Parlement, au gouvernement ou au peuple français », ainsi que l’a promis le président Emmanuel Macron fin juin 2020. Le 7 décembre, pourtant, ce ne seront plus qu’« à peu près 40 % » de ces mesures que Mme Pompili annoncera sur Europe 1 transposer dans son texte. Oubliés, la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les billets de train, les taxes sur les véhicules de plus de 1,4 tonne ou les 4 % pris sur les dividendes pour financer la transition écologique. Et bien sûr, enterrée, la réglementation de la publicité sur les produits les plus polluants.
Que s’est-il passé ? (…)