Qui décide de la couleur de l'année ?
Si soudain les magasins de vêtements et de décoration, les publicités de voitures et les nouveaux immeubles se parent des mêmes tons, c'est par la grâce d'Intercolor. Une sorte d'ONU de la tendance qui anticipe les nuances à la mode. Une chromatographie.
Lissez les couleurs. Quand le prêt-à-porter et l'automobile portent la même robe, l'air du temps plaide coupable. Les verts sont à la mode cet automne. Ils habillent la dernière Audi dans la rue, les vitrines Zara dans le centre commercial et éclairent le mur du salon qui vient d'être redécoré. Un hasard ? Non, un complot. La franc-maçonnerie du pigment a encore frappé. Les teintes en vogue sont choisies deux ans à l'avance. L'été 2019 sera celui de « l'argile verte ». L'hiver suivant réveillera le « fauve ».
Dans le secret ouaté du salon d'un grand hôtel, deux fois par an (en mai dernier à Marseille, le 21 novembre à Porto), la Camorra des couleurs se réunit. En réalité, une organisation internationale sans but lucratif plus proche de l'ONU : Intercolor tient une assemblée générale et est dirigée par un secrétaire général. L'organisation a été créée il y a cinquante-cinq ans par la France, la Suisse et le Japon. Le 9 septembre 1963, onze nations participaient à la première session à Paris.
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